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Histoire du club

Si Montpellier m'était conté...


Volet n°2 : l'année 1930

Notre voyage à travers le temps nous amène à la fin des années vingt et au début des années 1930. Montpellier possède la meilleure équipe de football de l’hexagone comme le Stade de Reims dans les années 1950, Saint - Etienne dans les années 1960-1970, Bordeaux dans les années 1980 et L’OM dans les années 1990.

 

Les qualificatifs de « Grand SOM » et plus tard de « Glorieux SOM » sont l’exact reflet de cette équipe qui joue un football chatoyant, tourné vers l’offensive qui marqua assurément son époque.

 

Gabriel Hanot, footballeur international (12 sélections de 1908 à 1919), conseiller technique de l’équipe de France et journaliste sportif écrivait dans le Miroir des sports au lendemain du quart de finale de la Coupe de France joué contre le FC Sète, le 9 mars 1930 : « Montpellier est une très grande équipe, athlétique, scientifique ... la meilleure des deux... Plus on se remémore les hauts faits de la journée, plus on voit surgir devant les yeux, les maillots blancs et rouges des Montpelliérains...Cette équipe joua pour gagner et  mérita amplement la victoire mais... »

 

Retour en arrière :

 

Après la victoire en finale de la Coupe de France contre le FC Sète (2 à 0), le 5 mai 1929 à Colombes, le SOM continue sa route victorieuse dans cette compétition comme en témoigne les résultats suivants :

 

- Le 15 décembre 1929 à Montpellier : 32ème de finale : SOM : 2 - Athlétic  Club Arlésien : 0. 

 

            - Le 12 janvier 1930 à Nîmes : 16ème de finale : SOM : 3 - Olympique d’Alés : 0.

 

            - Le 2 février 1930 à Saint Etienne : 8ème de finale : SOM : 2 - Red Star Olympique : 1.

 

Pour les quart de finale, le tirage au sort ne faut pas de cadeaux au joueur du Clapas en donnant comme adversaire le FC de Sète. Les autres matchs opposeront Amiens à Dunkerque (2 à 1), l’OM à Saint Raphaël (1à 0), le Racing Club de France au Cercle Athlétique de Paris (3 à 1). 

 

A cette époque tout oppose les deux villes encore plus que de nos jours. La rivalité sportive se double d’une rivalité économique et sociologique. Montpellier, Préfecture de l’Hérault, est une ville étudiante, centre universitaire de renommée internationale ce qui favorise le développement d’une bourgeoisie locale. Une première école de droit est créée aux environs de 1160, une école de médecine voit son organisation codifiée par un édit du 17 août 1220 qui fait d’elle la plus ancienne Faculté de médecine du Monde.

 

La ville de Séte peuplée par une forte colonie d’immigrants italiens, n’est connu que pour son port de pêche et de commerce ainsi que son équipe de football qui réalisera d’ailleurs en 1934, un doublé historique (Coupe-Championnat) et fut à nouveau vainqueur du Championnat en 1939.

 

Les matchs entre les deux équipes ont toujours eu une coloration particulière. Les anciens Montpelliérains vous diront que les rencontres au Stade du Pont Juvénal entre les deux équipes se terminaient en bagarre sur le terrain entre les joueurs et dans les tribunes entre les supporters des deux équipes. On regretterait presque cette violence d’antan spontanée, joyeuse, bon enfant comparée à ce qu’on voit dans les stades aujourd’hui qui n’a plus aucun sens.

 

Après les coups de poings, on pourrait presque dire que l’on buvait un coup ensemble et tout était oublié ...jusqu’au prochain match.

 

Ce quart de finale sera-t-il celui d’une passation de témoin...

 

Le match

 

Le derby se joue à Marseille, le 9 mars 1930 devant 14 000 spectateurs. A la mi-temps, le score vierge reflétait mal la physionomie du match car la maîtrise du ballon était pour Montpellier.

Les Sétois durcissent le jeu et peu avant la mi-temps un tacle un peu trop appuyé de l’arrière Sétois Chardar sur l’avant centre Somiste « Titi » Kramer déclencha une bagarre générale entre Montpelliérain et Sétois. Le terrain fut envahit par les supporters des deux équipes, la police du intervenir pour séparer les joueurs des deux équipes devenus pugilistes mais l’arbitre ne renvoya personne au vestiaire.

 

En seconde mi-temps, Séte ouvrit le score sur un coup de tête de Friedmann, sur un centre de Lucibello après une passe de Beck.

 

Montpellier égalisa quatre minutes plus tard par « Titi » Kramer.

 

A un quart d’heure de la fin du match , l’arbitre siffla un pénalty pour le SOM pour un croc en jambe de l’arrière Sétois Cazal sur « Titi » Kramer. Ce dernier hésita à le tirer. La sentence revint à Petkovitch, joueur tout en finesse. Son tir pas assez appuyé fut détourné par le portier Sétois Frondas à la grande joie de Georges Bayrou, son Président, dont l’ancien stade du FC Séte porte encore le nom.

 

Le SOM avait laissé passer sa chance, ce que ne firent pas les Sétois qui marquèrent trois buts en six minutes, par Friedmann, Dormoy et Dubus sur pénalty. 

 

4 à 1 ; la défaite était consommée mais imméritée comme l’atteste les commentateurs de la presse sportive de l’époque citant les meilleurs joueurs Montpelliérains (les frères Krammer, Dedieu, Petkovitch, Bousquet et Mitrovitch).

 

La composition des deux équipes étaient la suivante :

 

Montpellier : Gaillard, Mitrovitch, Boutet, Bousquet, Dedieu, Rolhion, Edmond Kramer, Petkovitch, Titi Kramer, Georges Kramer, Ducros.

 

Séte : Frondas, Skiller, Chardar, Cazal, Stefanovic, Féjean, Lucibello, Beck, Dubus, Dormoy, Friedmann.

 

Le FC de Séte, devenait le porte drapeau du football Héraultais, en battant en demi finale, l’Olympique de Marseille à Paris, le 5 avril 1930 (3 à 0) ; Les trois buts furent marqués dans les dix dernières minutes par Dubus (2) et Beck.

 

Les Sétois étaient finalistes pour la quatrième fois contre le RC de France qui avait battu Amiens en deux matchs (1 à 1 puis 3 à 1).

 

Cette quatrième finale fut la bonne pour les maritimes ; Le 27 avril 1930 au stade Yves du Manoir à Colombes, le FC de Séte battait le Racing Club de France (3 à 1) après prolongation.

 

Les Sétois étaient entraînés par un Anglais (Regan) et alignaient dans leur rang, deux yougoslaves (Ivan Beck et Stevanovic Ljubisa), un hongrois (Friedmann) et un oranais qui marqua un total de douze buts dans cette compétition (Dubus).

 

Dans l’équipe de Séte, l’entraîneur anglais avait préféré titulariser Durand à la place de Dormoy, ce qui mis très en colère ce dernier qui ne reparut plus jamais au club.

 

Le gardien parisien se démit l’épaule à la 77ème minute de jeu dans un choc avec Durand (Séte) et Capelle (RC France). Il dut laisser sa place à Ozenne.

 

Le RC de France ouvrit pourtant la marque à la 80éme minute de jeu par l’international chauve hongrois Lhottka, d’une tête plongeante. Friedmann égalisa pour les Sétois à deux minutes de la fin d’un tir croisé à ras de terre. Puis pendant les prolongations, le yougoslave, Yvan Beck, marqua deux buts à la 94éme sur un tir après un une-deux avec Friedmann et à la 111éme minute sur une reprise de volée d’un centre de Durand. Le FC de Séte écrivait une des plus belles pages de son histoire.

 

La photo nous montre l’équipe de Sète en 1930. Il semble que cette photo ait été prise dans l’enceinte du stade Georges Bayrou reconnaissable a cause de ces bâtiments.

 

A noter que le RC de France comptait dans ses rangs, le demi-gauche Alexandre Villeplane , international à 25 reprises de 1926 à 1930 qui fut transféré au FC Séte, l’année suivante.

Très technique, adroit et populaire auprès de la presse et des supporters, il est connu pour avoir menacé en 1930, Georges Bayrou, le légendaire président Sétois, avec un pistolet. On imagine mal que de tels actes puissent se reproduire de nos jours ou pour le moindre désaccord, les joueurs font appel à leurs avocats pour récupérer le maximun d’argent. Comme ledit Lucien Laurent, premier buteur de l’histoire de la Coupe du Monde en 1930 : « A cette époque, le vrai salaire , c’était le plaisir d’être ensemble sur le terrain ».

 

Quelques mois plus tard à Monteviedeo se déroula du 13 au 30 juillet 1930, la première Coupe du Monde de football.

 

Sétois et Montpelliérain furent représentés par leurs joueurs yougoslaves , Stéfanovic et Beck qui venaient de remporter la Coupe de France quelques semaines plus tôt et Sekoulitch qui jouait au SOM.

 

L’équipe de France battit pour son premier match, le Mexique (4 à 1) puis s’inclina dans des conditions douteuses contre l’Argentine (1 à 0). L’arbitre brésilien, Mr Régo, accorda un coup franc imaginaire aux argentins et valida le but alors que le mur des tricolores n’était pas placé. Puis, il siffla la fin du match, six minutes avant alors que la France dominait et faisait tout pour égaliser. Après plusieurs minutes d’une discussion acharnée, l’arbitre fit revenir sur le terrain les 22 acteurs mais l’interruption du match coupa l’élan des Français qui s’inclinèrent par le plus petit écart. Seul le premier du groupe était qualifiait et la France perdit son troisième match contre le Chili (1 à 0). 

 

L’Uruguay remporta la première Coupe du Monde contre les Argentins en les battant en finale         (4 à 2) et fêtait brillamment son centenaire.

 

Quant aux yougoslaves, ils terminèrent premier de leur groupe après avoir battu le Brésil (2 à 1) et la Bolivie (4 à 0). Ils s’inclinèrent sévèrement en demi-finale contre le futur vainqueur, l’Uruguay (6 à 1). Le Sétois Beck avait néanmoins marqué trois buts dans cette Coupe. Ce joueur après avoir porté le maillot Yougoslave devint international français après sa naturalisation et porta à cinq reprises le maillot bleu entre 1935 et 1937.

 

Le prochain épisode de l’histoire du football à Montpellier concernera l’année 1931. Par la suite un hommage sera rendu aux trois grand club du Sud-Est avant guerre qu’étaient le SOM, le FC Séte et l’Olympique de Marseille au travers notamment des rencontres qui ont pu les opposer.

 

Par la suite, il sera évoqué la naissance du football à Montpellier par la création du SOM en 1919. Ainsi le premier match du SOM en Coupe de France eu lieu le 7 décembre 1919 contre le FC Cette. Les Cettois eurent match perdu sur tapis vert pour avoir fait jouer plus de trois étrangers.  

 

Les cinq photos :

1 et 2) Le match SOM-FC Séte avec notamment le gardien Somiste Guillard dégageant du poing devant un Sétois.

 

3) Le FC Séte vainqueur de l’épreuve ;

 

4 et 5) Deux photos de l’équipe de France en 1930 au moment de la première Coupe du Monde de football.

 

PS : Pour ceux qui me l’ont demandé, ma modeste contribution à l’histoire de mon club, résulte d’une collection personnelle de revues sportives des années 1920 à nos jours comme le Miroir des Sports, le Sporting, l’Auto, l’Equipe, France football et d’ouvrages plus généraux comme la fabuleuse histoire du football de J. Ph Réthacker et J Thibert.

Ces articles sont le fruit de ma passion pour ma ville, Montpellier, pour le SOM que j’ai vu jouer quant j’étais enfant au Stade du Pont-Juvénal jusqu'à sa triste fin en 1969, pour Montpellier-Littoral qui lui succéda, pour La Paillade et enfin Montpellier-Hérault. Il faut dire que le maillot « Rouge et blanc » avait de la gueule.                 

La Paillade a d’ailleurs porté ce maillot en 1975 puis l’a abandonné trop vite à mon avis. Beaucoup de sportifs notamment en Alsace où je vis me parlent encore des « Rouge et blancs » de Montpellier. C’est là que l’on voit qu’une grande équipe s’incarne avant tout dans des couleurs et que le souvenir qu’il reste d’un club est celui de son maillot. On ne peut imaginer le Réal de Madrid jouer autrement qu’avec son maillot blanc, l’Olympique de Marseille abandonner son maillot ciel et blanc ou plus modestement le FC Séte sans le vert et blanc.

Pourquoi Montpellier-Hérault ne jouerait-il pas en rouge et blanc qui étaient les couleurs d’origine de la PAILLADE ? Supporters faites savoir sur le forum si l’idée vous séduit...  

 

Allez le SOM...  Allez Montpellier-Hérault...


Article réalisé par Régis

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