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  Article - 16/04/2002

Copains comme pailladins

On parle souvent du présent et c’est normal. Pourtant une histoire, une passion, un club a toujours un point de départ.

Bernard Gasset s’est éteint mais il est celui qui avec Louis Nicollin a créé le club et rien que pour cela, il mérite une pensée de tous les supporters qui aujourd’hui suivent passionnément son enfant à lui aussi : le mhsc !

Pour souvenir, je souhaitais reprendre un article du livre «  1974-1994, 20 ans de coup de cœur » de Jean Bernard SPERNE et Eric CHAMPEL qui présentait Bernard Gasset.

 «  Ici l’ombre ! Et cela fait un quart de siècle que ça dure. Avec Bernard Gasset, personnage pittoresque mal reconnu à sa juste valeur, on pénètre dans les coulisses du club, on emboîte le pas de Nicollin, on épouse l’ombre de ‘loulou’. On feuillette aussi les premières pages d’un roman qui n’a rien de morose. Entre lui et louis ? Un mariage de passion avec comme seul témoin un objet de culte : le ballon. Une histoire de copains d’abord, puis d’hommes et d’amitié.

Bernard Gasset n’aime pas parler de lui, pas plus qu’il n’aime parler en général. Mais si les mots qui lui manquent sortent de leur planque, alors là…

Les discours, les belles paroles, il les écoute mais ne les dit. Surtout quand on lui demande de représenter officiellement le club dans les endroits très parisiens à des kilomètres de ses habitudes. Et pourtant, il y va parce que pour le Président, il irait au bout du monde à plat ventre. ‘Il y a une dizaine de personnes très proches de Nicollin et sur lesquelles il peut compter quoi qu’il arrive. Mais pour moi, c’est plus qu’un copain, bien lus qu’un ami, c’est un frère’ Un frère de clan, celui des Pailladins.

Alors il s’exécute Bernard Gasset, s’habille comme un ministre des affaires étrangères, ajuste ses frisettes, retient son souffle, avale une dernière bouffée de sa Gitane et assiste discrètement au tirage au sort de la Coupe de France. C’est un exemple et une occasion parmi d’autres. ‘C’est devenu une habitude depuis 1990 l’année ou nous l’avons remportée. Je suis devenu une sorte de porte-bonheur. Et il faut croire que ça marche. Mais la représentation, c’est pas un truc pour moi. Toutes ces caméras, ces micros, c’est bon pour loulou’.

Un loulou qu’il a connu plus mince et anonyme mais qui a toujours eu ce ballon bondissant dans la région du cœur.

Je l’ai rencontré pour la première fois lorsque l’équipe corporative de ‘présence’ a cessé d’exister. J’y faisais tout : je jouais, j’entraînais, je dirigeais. On a quand même gagné la coupe nationale contre une formation de Nancy. Je connaissais pas mal de monde à Montpellier et quand Nicollin m’a parlé de son projet de monter une ‘gentille’ petite équipe, je me suis occupé du recrutement. Mais à l’époque, nos ambitions étaient limitées. Comme il ne connaissait aucun joueur et pas grand chose au foot, je lui servais un peu de porte-parole et beaucoup de guide. Mais il a vite appris. Et depuis 24 ans, on a toujours marché ensemble dans les bons et les mauvais moments.’.

Quand je regarde le chemin que nous avons parcouru, je suis sur qu’il n’y a pas un club en France qui peut se vanter d’avoir commencé aussi bas. Et je suis convaincu qu’il n’existe pas un président qui s’est autant investi en mettant la main à la poche, au portefeuille et en puissant sur son compte en banque. Depuis que j’ai rencontré loulou, je suis sur un nuage. Il y a eu des coups de blues, des coups bas, des joies, il a voulu abandonner cent fois mais il ne l’a jamais fait parce que le foot c’est aussi sa vie, comme moi j’ai le foot dans la peau. Comme dans la vie, il y a eu des côtés piles et des côtés faces’.

Et comme Bernard Gasset est un éternel optimiste au fond de son regard bleu sans nuage, il ne parle que des bons moments, gardant dans les recoins de sa mémoire les instants de doutes et de désillusions. ‘Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. On vient de la corpo. Nos femmes lavaient et repassaient les maillots pour que les joueurs soient présentables sur le terrain. Ca a duré des années, jusque après notre montée en division 3. Plus tard, elles ont tenu les buvettes à la Mosson. Tout ça pour faire des économies. On a tous su se retrousser les manches pour en arriver où nous sommes. Les vrais amis, ils ont connu ces époques, ils étaient-là quand on ne parlait pas encore de la Paillade’.

Parmi ses souvenirs qu’une seule armoire ne pourrait contenir, il a du mal à faire le tri. Mais l’Europe a marqué son itinéraire de ‘vieux routard’. Il a pourtant connu le monde et les coupes qui vont avec mais c’est à Eindhoven que Bernard Gasset s’est vraiment pincé avant d’y croire vraiment :’Eindhoven, Bucarest, Manchester, la rencontre de Bobby charlton, les tours de coupe qui s’enchainent, c’est unique. Et c’est dans ces moments là que tout revient. Les heures qu’on a passé avec loulou à se prendre la tête dans notre ‘cageot’ à côté du terrain de la Mosson. Dans ces moments de doutes il y avait Nicollin-Gasset et Gasset-Nicollin’.

En plus de vingt années de fidélité au club sur fond d’amitié, Bernard Gasset n’a manqué que 5 matches. Un jour, il se lassera peut-être. En même temps que Louis Nicollin. Ce n’est pas demain la veille. Ni après demain. »

 Et voilà, cet article est de 1994 et hélas, aujourd’hui, La Paillade a perdu l’un de ses fondateurs. J’espère que cet article le fera connaître à ceux qui suivent son club aujourd’hui et que d’autres par ses récits repenseront aux mots qu’ils ont écris sur Nicollin.

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